Sommes-nous chanceux ? Evolution du choix, de la technique et du réalisme de nos modèles

Bonsoir cher Forum 3R,

Je voudrais partager quelque chose avec vous sur ce forum, et c’est un peu en écho avec les discussions sur les « nouveautés » (les accumulations ou pas, le neuf ou pas) et les discussions du bistrot de la gare. Je trouve l’ouverture de ces sujets très intéressante . Perso, je dirais que j’ai toujours été raisonnable dans l’achat des nouveautés et je suis preneur “d’occasions” comme vous avez peut-être pu le voir. Il est a préciser que tout le matériel acquis depuis 47 années, cela a toujours été dans le but de le voir évoluer sur mon réseau, je suis un rouleur lorsque je peux (pas vraiment le cas dans la situation actuel de mon projet à mon grand « désarroi »).

Ce dont je voudrais partager dans ce poste, c’est un retour en arrière et voir le chemin que la production a fait depuis les années 70 lorsque j’ai reçu ma première boîte et donc locomotive (Br89 loc 3000). Parfois je me pose des questions sur nos exigences, qui peuvent être compréhensibles (eu égard au prix, au temps d’attente, petite série etc…). Cependant, j’ai l’impression qu’on manque aussi de reconnaissance…pour des tas de choses, les détails pas conformes, la fiabilité de tel ou tel points, l’époque non couverte ou encore le choix de la version…etc…et pourtant…

Quel chemin ce domaine a parcouru!?! Pour ceux qui ont les catalogues de ces années-là, reprenez-les, j’adore le faire afin de me replonger dans les émotions de ces années où tout était à découvrir pour ma part. En modélisme ferroviaire, cela a commencé très tôt chez moi, la comparaison avec le chemin de fer réel, pensez-donc j’étais en permanence à la Gare. Déjà, entre 8 et 10 ans, je rajoutais des détails, je faisais des retouches de peintures afin de compléter un modèle « par trop simplifié ».

Ensuite il faut relever que, notamment pour le chemin de fer ou les compagnies helvétiques, c’était très « pauvre » en matière de modèle à choix. Par ex. Märklin, proposait uniquement une Croco et une Ae 6/6. En 3 rails, il y avait HAG, mais à l’époque les caisses étaient vraiment trop larges, je n’arrivais pas à retrouver les proportions des modèles réels. Sans compter le prix, à mon niveau et d’autant plus avec les moyens familiaux très limités, c’était impensable.

Et puis, les années 80 ont offert un mouvement qui n’allait plus s’arrêter depuis (ça viendra inévitablement). Quel incroyable choix, pour de nombreux pays qui n’étaient pas aussi « gâtés » que l’Allemagne. Je me souviens déjà entre 1978 et 1980, j’avais l’immense chance d’accéder à un club dédié à l’échelle 0 et je venais à rêver de tous les véhicules (souvent fabriqués “maison” par ces amateurs très doués et patients, mais pas tous, de nombreux modèles suisses existaient dans cette échelle, fabrication de petites séries - mais uniquement pour des portefeuilles bien fournis) que je voyais évoluer sur ce réseau, disponibles un jour à l’échelle HO à des prix corrects. Je n’aurais pas imaginé que la production de nos fabricants allait couvrir autant de modèles différents.

Si je prends du recul et que je regarde ces 40 dernières années, presque tout a été produit. C’est extraordinaire. Pour ceux qui étaient enfants dans les années 70 ou avant, auriez-vous pu imaginer cela ? Le choix a été formidable sur ces 4 décennies et l’évolution du réalisme des modèles prodigieux, tant du côté des locs, des wagons que des voitures voyageurs. Lorsque je prends les EW I produits par PIKO récemment ou la voiture pilote ESU en BLS ou encore les Dostos de Roco (IC-2000 sortis il y a déjà presque deux décennies !?!) avec un niveau de détails, de teinte etc… remarquables. Je me souviens de mon excitation lorsque j’avais reçu une voiture CFF de Märklin (1980)en….tôle…24 cm de long…arggggg…heureux, mais déjà un sentiment de frustration quant à la caricature (à mes yeux) que de cette voiture par rapport aux voitures identiques vues à l’échelle 1 :1.

Le digital aussi,est une très grande avancée dans le réalisme, lorsqu’on se remémore l’enchantement, une fois installé un premier signal avec la voie M et les coupures ad hoc gérées par le relais incorporé. Cela paraissait magique, et en même temps, il me manquait quelque chose lorsque le train se plantait devant ce signal tous feux éteints. Aujourd’hui, dans chaque locomotive, il y a un pilote et les possibilités sont totalement alignées sur la réalité.

Bien sûr, il y a le lot des « ajouts » qui peuvent être vu comme des gadgets inutiles, c’est sûrement vrai. Je ne suis pas forcément « fan » de tous les +, ++ et +++. Mais, j’avoue que lorsque je vois, par ex. la BR 85 Roco avec un son superbement synchro, véritablement en mode 3 cylindres et la projection de la vapeur qui suit…c’est quand même ébouriffant. Nécessaire ??? je ne suis pas sûr.

En conclusion, j’estime que c’est une immense chance d’avoir vécu une telle période par rapport à notre passion. Tellement de locs et de matériel roulant différents (époque IV oblige) que je voyais passer dans la gare de ma ville natale, et je me disais….rooohhhhh, ce serait génial si…on nous les fabriquait…

Qu’en pensez-vous ?

C’était un petit mot d’un samedi soir de janvier 2024, avec un sentiment gratitude d’avoir connu cette évolution, elle a comblé des rêves que je pensais dans mon enfance qu’ils resteraient en l’état…

Bonne soirée et bon week-end

D.

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Bonjour Dim
Bien d’accord avec vous:

  • Märklin a évolué dans le bon sens: plus de détails, plus de force de traction (Si si, je peux comparer avec une CCS800 ou une DL800), des ralentis extraordinaires, du digital qui a bien progressé, une voie C qui a bien progressé.
  • Les prix ont évolués dans le mauvais sens: en 1950, les prix étaient très élevés, puis Märklin à rationalisé et baissé nettement les prix vers 1955 et les a maintenus compétitifs pendant une décennie puis les prix ont remonté et atteignent des sommets. Suis-je pauvre à considérer que 600€ pour une loco, il faut VRAIMENT qu’elle soit magnifique?
  • Oui il y a des échec commerciaux ou techniques (abandon des moteurs SDS que je regrette bien, difficulté à mettre au point un pont tournant,…).
  • j’ai une belle collection Märklin de la période 1950-1985 en analogique mais le plaisir est pour moi, moindre: potin incroyable de certaines locos, cablage incroyable si on veut faire des automatismes, etc
  • et le digital dans tout ça? Eh bien je ne pourrais plus m’en passer car il a tellement d’avantages.

Amicalement
Jean

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Je trouve le temps de témoigner mon expérience a propos de cette considération intéressante, fortement liée à celle regardant les prix et le neuf où pas.
Bien sûr Marklin et les autres fabricants réalisent des choses qu’on croyait impossibles et il n’y a plus grand chose at proposer.
Je collectionne marklin depuis les années soixante, avec bien sûr des hauts et des bas, et sur mon réseau je peux admirer et voir rouler trois versions de la même machine, correspondant à périodes bien différentes.
Le Crocodile version 3015 est Le Croco, super robuste (mon exemplaire est du début années soixante et j’y jouais avec a 10 ans); je n’ai changé que les bandes et les charbons et il midémarre au quart de tour.
Il est évidemment hors échelle et le détail est bien sûr modeste, il roule avec un bruit qui rend inutile toute sonorisation.
Le deuxième est le 3352, analogique mais avec inverseur électronique, un gros avantage qui évite les à-coups.
Après l’achat il a eu une panne de l’inverseur (réparée par Marklin), il roule bien et ne défigure pas même avec des wagons plus récents.
Le 39595 est mon dernier achat.
Bien plus détaillé, beaucoup (trop) de bruits que je finis pour n’utiliser que très rarement et fort délicat à manier.
Au premier tour de réseau il a perdu une pièce qui en a causé le déraillement et j’ai eu du mal a lever les pantos en risquant de tordre les très fines grilles de protection aux 4 coins du toit.
L’admirer est d’ailleurs le top et la différence de détail est touchable.
Avec ce dernier la façon de s’approcher change; déjà le sortir de l’emballage nécessite de calme et doigté et les instructions avec dessins et symboles de Marklin sont a mon avis fort mauvaises et n’aident pas à éviter des fautes.
La manipulation est délicate et les sorties de voie, possibles parce que une pose de la voie précise est indispensable, doivent être évités pour ne pas endommager quelque chose.
Je reconnais à Marklin de bien avoir évolué dans la qualité mais je crois qu’on est arrivés à donner la priorité au détail plutôt qu’à l’aisance du jeu (je pense à la connection multiple des des TEE 3070 par rapport au Gottardo) et cela est énervant, pour ne pas citer la hausse des prix nécessaire pour pousser le détail toujours plus loin.
Pour conclure (merci à ceux qui ont eu la patience de me lire) je commence à croire que maintenant le mieux risque de devenir l’ennemi du bien et le temps soit arrivé de reconsidérer le point d’équilibre entre fiabilité, détail, aisance d’utilisation et prix.
Je joins les photos des protagonistes de ce sujet.
Bonne soirée à tous
Claudio



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Bonjour
Un retour d’expérience vraiment interessant. Merci

Bonsoir Claudio
Bravo je crois que tu as tout parfaitement résumé !
:thinking: Sur la photo N° 3 ( 39595 ) je crois qu’il manque le système de sablage comme sur la mienne et celle d’un ami !
Bon train
André

Bonjour et merci.
Oui, c’est exactement ça j’ai perdu sans m’en apercevoir le groupe de sablage dans une courbe (R2) et dans un tunnel en conduisant la loco à l’endroit où je prends les photos pour mon catalogue.
Au retour j’ai eu un déraillement et, en essayant d’en comprendre la raison, j’ai retrouvé la pièce à côté de la voie; une fois remise en place, le détachement ne m’est plus arrivé.
Peut être je l’avais un peu déplacée moi même dans la délicate opération d’enficher le support nioir qui fait partie de l’emballage.
Une petite note (comprenable) m’aurait peut-être emmené à contrôler ce petit détail avant.

Bonne journée
Claudio

Claudio merci et belle synthèse de ces évolutions je suis d 'accord ! En fait personnellement j 'ai toujours préféré la robustesse et ce côté massif de märklin …Matériel quasiment indestructible même avec ses détails approximatifs ! Chacun a ses préférences et c 'est bien comme ça !

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Bonsoir cher Forum,

Lorsque je lis les compléments à mon poste, j’ai l’impression qu’une partie des fabricants répondent à vos souhaits, notamment parce qu’ils proposent des versions simplifiées, moins détaillées et moins chers au travers les gammes « hobby » ou équivalentes.

De mon côté, je suis ravi de l’augmentation de niveau en matière de réalisme…ayant toujours été attiré par cette représentation du réel…qui en a fait cette appellation, modélisme.

J’entends, plutôt je lis, beaucoup de critiques sur le fonctionnement des modèles produits ces dernières années. Je n’ai pas rencontré plus de problèmes de fonctionnement que dans le passé. Si parfois, il faut ajuster un frotteur ou un écartement d’essieu pour cause de court-circuit, cela ne m’apparait pas tellement plus sérieux que la production, par ex. des Ae 4/7 de Hag qui font des courts-circuits sur les aiguilles Märklin…pourtant des modèles chers, pas tellement détaillés mais particulièrement solides. Il était d’ailleurs surprenant, pour ceux qui se sont adressés à la firme, que la solution constructeur était « renvoyez-nous votre modèle, on s’en occupe – et résultat le constructeur limait les dents des engrenages :face_in_clouds: :scream: afin que ça passe. (heu, donc je ne leur ai pas remis ma loc, j’ai trouvé une autre solution)
Cependant, un point que je relevais, c’est la diversité des modèles que nous avons la chance d’avoir bénéficié ces dernières décennies. Et c’est tout de même extraordinaire la richesse de ce qui nous a été proposé, tant du côté des locs, des rames complètes que des wagons ou voitures voyageurs.
J’ai l’impression de ceci auprès de toutes les compagnies européennes, ce qui est quand même un fait à relever. Je ne suis pas suffisamment toutes les européennes, mais pour la Suisse que je connais mieux, je trouve que c’est inespéré, notamment lorsqu’on se positionne dans les années 70-80. Après ces années, il m’a semblé avoir vu une accélération terrible.
Cela a évidemment multiplié les modèles dans nos « stocks », nos vitrines et nos réseaux pour ceux qui ont la chance d’en avoir un. Là, on peut voir ce choix comme un avantage incroyable ou une surconsommation effrénée dans notre domaine de passion. La mondialisation a bien aidé à cet état de fait.
Nous pourrions surement ergoter si cela est pour le meilleur ou pas, mais en tout cas cela dépasse probablement nos volontés individuelles (bien qu’en tant qu’acheteur, nous avons le choix). Et c’est en tout cas ce qui m’a amené à poser la question : « Sommes-nous chanceux ? ». J’estime, compte tenu de certaines perspectives à venir, que oui, nous sommes chanceux d’avoir vécu une telle période.

Bonne semaine
D.

Je suis parfaitement d’accord.

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D’accord aussi, nous avons mangé notre pain blanc et maintenant il va falloir qu’on se restreigne (dans tous les domaines) si on veut sauvegarder notre planète qui commence à nous rendre la monnaie de notre façon de vivre qui la dérègle, voire la détruit …

Amicalement

Bernard

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Bonjour Dimitri,

je suis “dedans” depuis tout petit, j’ai appris à lire dans le catalogue Märklin, à peine que je savais marcher. (Non, je n’étais pas retardé en motricité.)
J’ai grandi avec les modèles des années 1970, les voitures de ligne en tôle etc., et j’ai vécu l’évolution des modèles. L’arrivée des inversions à soutien électronique voire entièrement électroniques ne m’a pas tant frappé, nous n’avions pas de ces modèles-là, mais l’augmentation de détaillage depuis les années 1990 si. C’était en même temps l’époque où le digital commençait à devenir abordable par le Delta (j’en ai eu en 2001 le premier boîtier de commandes), mais les prix restaient encore à peu près ajustés à mes moyens. Pas pour longtemps. La direction a lorgné beaucoup plus vers les collectionneurs que vers les usagers à portemonnaie un peu limité, au lieu de rester au catalogue pendant dix ans les modèles devenaient éditions uniques - gare à toi si tu n’as pas les moyens de t’acheter toute la rame à la fois… tu ne l’auras plus ! - et de plus en plus, les voitures vendues séparément laissaient la place aux rames déjà composées.
Personnellement, même il y a dix ans quand mes yeux étaient encore bien meilleurs qu’aujourd’hui, je me serais bien passé de ce superdétaillage, je trouve toujours que la BR 86 de 1971 (3096) est bien détaillée et fait bien l’affaire, et qu’il n’y a pas besoin par exemple des essuie-glaces des 103 actuelles surdimensionnées et horribles alors qu’avant on les gravait dans le moule et leur mettait un trait de pinceau, et ils étaient aussi discrets qu’en 1:1.
Le digital, oui, j’aime bien, ça enlève bien des soucis pour des choréographies un peu poussées, mais on en a d’autres puisque les décodeurs sont beaucoup plus sensibles aux micro-ruptures d’alimentation que les machines analogues. Je préfère aussi les démultiplications à engrenages aux vis sans fin. Certes, c’est silencieux, mais les inconvénients sont là.
La plus grande chance que je vois aux temps actuels c’est que nous ne sommes plus cantonnés à un seul producteur, même si parfois les 2railistes le prétendent en parlant du 3rails, mais que nous avons un choix très large de modèles différents. Si le portemonnaie suit, bien sûr. Il faut plutôt savoir se freiner aux dépenses inutiles, et peut-être se souvenir que jadis avec deux ou trois trains qui circulaient, nous étions heureux, aujourd’hui nous en avons des cinquantaines et râlons…

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totalement d 'accord !