Mieux connaitre le block automatique à permissivité restreinte (BAPR)

Mieux connaitre le block automatique à permissivité restreinte (BAPR)

Signalisation

[ Trains réels ] ● Épisode 270 - En signalisation ferroviaire française, si le Block automatique lumineux (BAL) est généralement connu des modélistes, le Block automatique à permissivité restreinte (BAPR) l'est moins. De fait, il est peu représenté sur nos réseaux malgré ses nombreux atouts.


Le cantonnement 

- Le cantonnement est un principe destiné à gérer l'espacement des trains pour éviter le rattrapage. La voie est ainsi divisée en sections appelées cantons. En règle générale, sur les tronçons à double-voie, chaque voie est destinée à un sens de circulation. Toutefois, certaines voies sont équipées d'une signalisation permanente de contre-sens.

letraindemanu (1724) Block automatique à permissivité restreinte

- Le canton est une portion de voie sur laquelle ne peut circuler qu'un seul train à la fois en situation nominale. Un signal se trouve à l'entrée de chaque canton. L'entrée en canton occupé en autorisée en BAL (en marche à vue) et n'est possible que dans des cas très particuliers (secours à un train en panne, dysfonctionnement fugitif,...) selon des procédures spécifiques dans les autres blocks.

- La longueur d'un canton varie en fonction du système d'exploitation de la ligne.

En BAL, les cantons sont d'environ 3 km. Ils peuvent être plus courts en zone urbaine dense, ce qui implique une signalisation lumineuse spécifique notamment le feu jaune clignotant et le feu rouge clignotant.

En BAPR, le canton a une longueur supérieure qui varie de 6 à 15 km.

Sur le plan économique, un BAL est plus onéreux qu'un BAPR puisqu'il nécessite plus de signaux et d'équipements électro-techniques. Cette réalité est également vraie en modélisme.

Sur le plan commercial,  un BAL permet également un cadencement plus élevé des circulations puisque les cantons sont plus courts et plus nombreux que le BAPR. 

De fait, le BAL prédomine sur les lignes à fort trafic et le BAPR sur les tronçons à trafic moyen. 

Signal de base du cantonnement

- Chaque canton est équipé à son entrée d'un signal qui autorise ou non la circulation.

  Le signal de base du cantonnement en BAL est une cible oblongue à trois feux pouvant ne présenter qu'une seule des indications suivantes :

● Un feu rouge, appelé sémaphore : il interdit l'entrée dans le canton puisqu'il est déjà occupé. En BAL, il est franchissable en marche à vue. En BAPR, il n'est franchissable que sous conditions particulières (voir plus bas).

● Un feu jaune, appelé avertissement : il indique au conducteur qu'il doit appliquer la VItesse Sécuritaire d'Approche (VISA), procédure qui doit lui permettre de stopper sa rame devant le signal suivant annoncé fermé.

● Un feu vert (voie libre) qui autorise le conducteur à circuler normalement.

Le signal est dit « fermé » s'il présente une indication restrictive (sémaphore ou avertissement). Il est dit « ouvert » dans le cas contraire. 

Le signal du BAL porte une plaque F (Franchissable) à lettre blanche sur fond noir car le sémaphore fermé peut être franchi sous conditions.

Photo 1725 : Principe de base du Block automatique lumineux (BAL). source : modernisation-red.fr

Lorsque cette cible protége également un point dangereux (aiguille, zone de chutes de pierres,..) le sémaphore (1 seul feu rouge) est remplacé par :

● Deux feux rouges, appelé Carré. Il impose un arrêt absolu avant le signal. Le signal porte alors une plaque Nf (non franchissable). Les carrés fermés sont munis d'un détonateur (pétard) en cas de franchissement.

Les signaux indiquant un arrêt ou un ralentissement sont répétés en cabine. Le conducteur dispose alors de quatre secondes pour acquitter cet ordre. Dans le cas contraire l'arrêt d'urgence automatique se déclenche.  

Cas particulier de l'oeilleton 

L'oeilleton est une petite lumière blanche installée en bas et à l'exterieur des cibles pouvant présenter le carré (2 feux rouges). C'est un signal de permitivité allumé uniquement lorsque le signal donne une instruction de cantonnement (sémaphore, avertissement, voie libre) et éteint lorsque le signal donne un ordre absolu (carré, carré violet ou feu blanc de manoeuvre). Il permet au mécanicien qui est face à une cible à 4 feux ou plus, de différencier un carré, dont l'un des feux rouges serait avarié (non franchissable), d'un sémaphore ( un seul feu rouge, franchissable). D'une manière générale et par définition, il n'y a pas d'oeilleton sur les cibles à trois feux dont l'indication la plus restrictive est le sémaphore (1 seul feu rouge). En effet, il serait alors allumé en permanence, ce qui ne présente aucun intérêt. Il y a cependant quelques exceptions (certains feux sur nacelles par exemple).

Sur la photographie 1726 ci-dessus prise à la gare de Noisy-le-Sec, on peut apercevoir des cibles à six feux pouvant présenter le carré et équipées de l'oeilleton. Sur le signal de gauche C 2715, l'oeilleton est éteint car la cible présente le carré (2 feux rouges). Sur le signal de droite C 2713, l'oeilleton est allumé car le signal présente l'avertissement (1 feu jaune).

Signaux du BAPR

Le BAPR n'est installé que sur des voies dont la vitesse est inférieure ou égale à 160 km/h. Ce système est donc parfaitement adapté à nos réseaux modèles.

En BAPR, on retrouve le même principe de signalisation. Pourtant, les cantons étant plus longs, la signalisation diffère quelque peu. En BAPR, le signal de base est le sémaphore également. Toutefois, la cible ne peut présenter que deux indications :

● le sémaphore

● et la voie libre,

qui autorise, ou non, l'entrée dans le canton. En effet, compte tenu de la longueur des cantons, l'avertissement imposerait une vitesse réduite sur une trop longue distance jusqu'au signal suivant situé de 6 à 15 km.

letraindemanu (1727) Sémaphore de BAPR auteur Didier Mahu

Photo 1727 : Un sémaphore de BAPR. Auteur : Didier Mahu, source : mes.gares.free.fr

Le sémaphore de BAPR porte une plaque PR (permitivité restreinte). Fermé, il est également franchissable, mais sous conditions plus restrictives, d'où son nom.

Pour autant, le conducteur doit être en mesure de s'arrêter si un sémaphore est fermé. Un signal à cible ronde est donc installé à distance suffisante de freinage et d'arret ( 1 à 1,5 km en amont) et peut présenter :

● un feu jaune (avertissement), si le sémaphore suivant est fermé (un seul feu rouge) ;

● un feu vert (voie libre), si le sémaphore suivant est ouvert (un feu vert).

Ce signal circulaire porte une plaque A indiquant que son indication la plus restrictive est l'avertissement. Cela le différencie de la cible ronde pouvant présenter la lettre D dont l'indication la plus restrictive est le "disque rouge" (du nom de cette ancienne cible mécanique) imposant un arrêt différé.

On le constate donc, ce signal circulaire est couplé au sémaphore qu'il annonce. De plus, cet avertissement est à distance d'arrêt du sémaphore mais n'est pas un signal d'entrée de canton. Sur nos réseaux, c'est une bonne opportunité de représenter ce signal rond si caractéristique en compressant les longueurs tout en simplifiant les câblages.

Photo 1728 ci-dessus : Avertissement de BAPR Source : Rail Bretagne Pays de Loire

 


Photo 1729 : Le principe du BAPR

Les deux types de BAPR

En BAL et en BAPR, le sémaphore se met automatiquement au rouge après l'entrée d'un train dans le canton. 

Le BAL est connu des modélistes. Il fonctionne par circuit de voie : les essieux créent un contact électrique entre les deux rails de roulement et indiquent donc que le canton est occupé. 

S'il existe des BAPR qui reposent sur le même principe de shunt, la plupart des BAPR repose sur le principe du comptage des essieux car il est moins onereux. Le système est assez simple : un dispositif (à pédales) en entrée de canton compte le nombre d'essieux qui y pénètrent. Ce comptage est effectué en sortie de canton (en entrée du canton suivant). Un système centralisateur compare les entrées et les sorties : si le nombre correspond, le signal est mis au vert. Dans le cas contraire le signal reste au rouge.

letraindemanu (1730) compteur d'essieux en BAPR source bea tt

Photo 1730 : Un compteur d'essieux en BAPR. Source : BEA TT

Pour autant, il peut y avoir parfois des dysfonctionnements fugitifs d'autant que les lignes en BAPR sont souvent des lignes à trafic moyen parcourues par des rames automotrices semblables ou identiques (même nombre d'essieux). C'est un défaut de comptage des essieux. Le système se met alors en sécurité et le sémaphore reste fermé. Le conducteur dispose alors de deux possibilités  :

● s'il ne peut pas entrer en contact avec le régulateur ou l'argent circulation, il doit attendre 15 minutes. Il peut alors franchir le sémaphore fermé et doit rouler en marche à vue jusqu'au signal suivant.

● s'il peut entrer en contact avec le régulateur ou l'argent circulation (AC) : il va alors appliquer une procédure de remise à zero du compteur d'essieux (CE).

  - le régulateur doit d'abord s'assurer de la présomption de libération du canton en contactant le poste aval ;

   - le régulateur autorise le conducteur à franchir le sémaphore fermé ; 

  - avant de repartir, le conducteur, sur ordre du régulateur ou de l'AC, actionne le bouton de préparation à l'armement du compteur d'essieux (Pr Ar CE), bouton placé à proximité du signal ;

   - le train déclenche le comptage d'essieux en entrée puis en sortie de canton.

  - le boitier centralisateur compare les données. Si elles sont concordantes, le système a été réarmé. Dans le cas contraire, le système reste en sécurité sémaphore fermé jusqu'à l'intervention d'un agent de maintenance.

En modélisme

Hormis sur un réseau de club ou d'exposition, nos surfaces habituelles ne permettent pas la reproduction complète d'un BAL, d'autant que chaque canton doit avoir une longueur supérieure au plus long train circulant sur le réseau modèle (sauf à disposer d'une centale haut de gamme donc onéreuse). 

Il est en revanche plus aisé de représenter une section de BAPR avec son sémaphore à deux feux et son avertissement en amont.

De plus, l'avertissement étant couplé au sémaphore qu'il annonce, cela simplifie le câblage des commandes : une seule commande pour ces deux signaux.

Emmanuel

Cet article est extrait du fil “La Rue de Suède revisitée en Märklin digital”, rubrique "présentation de vos réseaux
https://forum.3rails.fr/t/la-rue-de-suede-revisitee-en-marklin-digital/11891/1016

Bonjour Emmanuel,
Merci pour cette synthèse très intéressante et précise.
On peut réaliser un BAPR avec les signaux Märklin, en remplaçant bien entendu les cibles (ou mieux le signal complet, en gardant seulement les relais et l’électronique).
On trouve l’utilisation des panneaux de BAPR en double voie et en VU.
Ceux qui cherchent en complément une bonne synthèse sur les différentes signalisation “Signalisation du réseau miniature” chez LR Presse.
Bonne journée.
Alain

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