1934 - La BR 05
Dès 1932, la DRG envisageait la construction d’une locomotive rapide, principalement pour le service voyageur express, qui fût parfaitement intégrable dans le plan de circulation général. On pensait à une vitesse commerciale de 150 km/h.
Les propositions de machines que présentent alors les industriels varient beaucoup de l’un à l’autre. On manque en effet d’expérience pratique de ces vitesses : le comportement des locomotives et des voitures est inconnu, de même que le sont les capacités de freinage et la rentabilité finale d’un tel projet. Des désaccords se font jour également quant à l’utilité de la pose ou non d’un carénage.
Leur avant-projet étant le plus avancé, ce sont finalement les usines Borsig qui reçoivent en 1933 la commande de deux machines de catégorie 2’C2’h3 (des 232 trois cylindres). Les roues motrices devront avoir un diamètre de 2300 mm (100 mm de plus que la bavaroise S2/6). Borsig plaide en faveur d’un carénage intégral englobant également le tender.
Afin de trouver le profil idéal, des essais sont réalisés dans la soufflerie de Berlin-Charlottenbourg, qui seront poursuivis plus tard dans celle, plus grande, de l’université de Göttingen.
Si ces essais apportent bien des réponses quant à la forme idéale du carénage, ils ne révèlent rien à propos du gain en performances que l’on peut en espérer. Afin de le savoir, on équipe une BR03 construite également par Borsig, la 03 154, d’une porte de boîte à fumée parabolique, d’un coupe vent sur la cabine de conduite et d’un carénage complet de l’embiellage et des cylindres (voir post précédent).
Les essais de vitesse à 140 km/h donnent les résultats suivants :
- la température du soubassement n’est que très légèrement supérieure à celle de la locomotive non carénée ;
- le gain de puissance au rochet est, malgré le carénage incomplet, de 158 kW.
Ces résultats encourageants amènent à caréner une deuxième machine de série 03 (la 03 193), cette fois ci complètement. On peut ainsi établir une comparaison directe avec les machines non carénées de la série. Le gain de puissance au crochet s’établit à 282 kW.
Avec ces essais, tous les préparatifs nécessaires à la construction de la série 05 étaient terminés.
On fixa le cahier des charges de traction des BR 05 à 255t sur le plat à 160 km/h et 260t à 120 km/h sur une rampe de 5‰. La chaudière était prévue pour 20 bars, encore modifiable en fonction du type d’expansion qui serait retenu. Afin d’obtenir un entraînement équilibré et une bonne motricité, l’on opta pour une motorisation à 3 cylindres. (au bruit caractéristique que l’on entend très bien à la fin de la video postée par Wolfram)
Le bureau des recherches de Grunewald reçoit la 05 001 pour essais le 8 mars 1935, suivie le 17 mai par la 05 002.
Les essais de freinage effectués montrent que l’on arrête la machine en 1375 mètres depuis 181 km/h et 1200 mètres depuis 175 km/h. A la suite de ces essais, la 05 001 est dotée de boudins plus larges.
La 05 002 est testée pour son endurance entre 60 et 180 km/h. Les locomotives ont été bien conçues, bien équilibrées, et se révèlent très performantes.
De ce fait, la 05 002 est préparée pour le record du monde de vitesse, qu’elle battra (ou égalera selon les sources) le 11 mai 1936. La performance a lieu sur la ligne de Hambourg (Hbf) à Berlin (Spandau). La locomotive est au crochet de 197t (trois voitures express et la voiture de mesure). Elle est conduite par Oscar Langhaus et chauffée par Ernst Höhne. Le record mesuré est de 200,4 km/h.
Le 15 mai 1936, la 05 001 rejoint le dépôt d’Altona (Hambourg), suivie le 14 octobre par la 002 afin de tracter l’express FD23/24 Berlin – Hambourg. Les machines prennent leur service revêtues d’une nouvelle livrée lie de vin spécialement développée pour les locomotives de grande vitesse. Elles assurent leur service jusqu’à la déclaration de guerre en septembre 1939.
Avec le début de la guerre, le trafic à grande vitesse est interrompu. Les locomotives sont reléguées à des usages occasionnels.
Traversant la guerre sans dommages, elles se retrouvent à la DB en 1948 et tombent sous le coup de la directive enjoignant de ferrailler les locomotives dont les séries comportent moins de 20 exemplaires. Cependant, Witte, qui est alors consultant pour la construction des locomotives au bureau d’études de Göttingen, émet le souhait personnel de voir les deux machines maintenues en état.
C’est à la société Maffei, à Munich, que reviendra la tâche de les transformer afin de les adapter au nouveau trafic d’après guerre. Maffei livre les locomotives à la DB en février (05 001) et mai (05 002) 1951. Les carénages ont été retirés. Le réchauffeur retrouve sa place devant la cheminée. Le tender est également décaréné. De plus, afin de préserver les chaudières, le timbre est réduit à 16 bars.
Il ne fallait évidemment plus s’attendre à des performances hors du commun de la part des machines ainsi transformées.
Elles sont garées au dépôt de Hamm pour le service des trains express légers mais effectuent encore le plus long des trajets en traction vapeur – 703km – de Hambourg à Cologne par Francfort sur le Main.
Le 14 juillet 1958 arrive le temps de la réforme. La 05 001, sous la direction de Adolf Wolffs, est rééquipée de la moitié gauche de son carénage et prend place au musée des transports de Nuremberg aux côtés de son illustre ancêtre, la bavaroise S2/6.
Catégorie : 2’C2’h3
Distribution : S37.19
Diamètre des roues motrices : 2300 mm
Vitesse maxi : 175 km/h
Fabricant: Borsig
Première mise en service : 1934
Tender : 2’3T37St avec 10t de charbon
Nombre total construit : 2
Numérotation : 05 001 à 05 002
Dates de réforme : 1958
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BR 05 001 (Borsig 14552/1934)
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BR 05 002 (Borsig 14553/1935) transformation DB