Signalisation ferroviaire : Gares de voie unique
Episode 394 • Après avoir abordé les principaux signaux lumineux et mécaniques, étudions quelques cas d’implantation dans des gares de la taille de nos réseaux personnels. Exemples de petites gares de passage et terminus de voie unique.
En modélisme, comme dans la réalité, la signalisation représente un budget qui ne doit pas être négligé. Et, comme en réalité, plus c’est complexe, plus c’est cher. Car il faut non seulement acheter les signaux, mais aussi leur environnement décoratif (armoires, caisses à piles, cabine ou poste, …) et leurs organes de commande (interrupteurs, relais, décodeurs,…). Donc, pour votre installation, il faut recourir à la signalisation la plus simple et réaliste tout en restant économique. Il faudra peut-être faire des compromis pour des questions de coûts. L’essentiel est de s’approcher au plus près des installations réelles. Dans cet objectif, certains signaux qui ne sont visibles que de dos par le spectateur peuvent ne faire l’objet d’aucun câblage.
L’étude de la signalisation du réseau doit être planifiée, de préférence, au moment de la création du plan de voie. Surtout si l’on souhaite avoir des automatismes en analogique ou numérique, puisqu’il faudra prévoir au minimum les sections d’arrêt et les organes de commande (rail de commande, voie de détection,…). Certains logiciels de gestion de réseau n’ont pas besoin de telles sections. Mais ils nécessitent des centrales digitales au tarif hors de proportion pour nos installations personnelles.
Les principaux signaux lumineux (et leurs homologues mécaniques) ont été présentés dans l’épisode 393.
Photo 3261 : Signalisation ferroviaire gare terminus de voie unique. La gare de Le Verdon en 2019. Source : letraindemanu.fr
Quelques pancartes à connaître
Des pancartes fixes, parfois mobiles, complètent cette signalisation lumineuse pour donner des informations supplémentaires au conducteur. Elles sont nombreuses et diverses. Je ne présente dans cet opus que celles dont nous aurons besoin pour les exemples d’implantations décrits.
• Le TIV fixe ordinaire
Le tableau indicateur de vitesse (TIV) fixe ordinaire indique au conducteur la vitesse limitée à appliquer.
Lorsqu’il se trouve sur une ligne de voie unique, l’avertissement fixe qui le précède en amont de la gare sert aussi de signal d’annonce de ce TIV.
Hors ce cas particulier, le TIV est suivi d’une pancarte Z qui indique le début de la zone et de la pancarte R qui indique la fin de la zone ou s’exerce cette prescription.
• La pancarte mi-blanche mi-noire
La partie noire vers la pleine ligne. Délimite le territoire de l’établissement. En forme de losange, détermine la limite de protection d’un disque pour les manœuvres. Lorsqu’elle est rectangulaire, impose aussi une limitation de vitesse à 30 (ou 40) km/h.
• La pancarte LM
Indique le point à ne pas dépasser en manœuvre pour rester dans la zone de protection assurée par le Disque.
• La pancarte Arrêt
Indique un point d’arrêt à ne pas dépasser. Ne peut être franchi que sur ordre du chef de manœuvre.
• La pancarte D
Indique que la voie se dirige vers le dépôt par un accès direct depuis la voie principale.
Photo 3262 : Signalisation ferroviaire : Tableau indicateur de vitesse, repère d’établissement ferroviaire, pancartes LM, Arrêt et D. Source : letraindemanu.fr
Gare de voie unique
En voie unique, la signalisation est par défaut fermée. Les manœuvres en gare sont protégées :
• par un disque fermé qui impose une marche à vue et un arrêt différé (Un feu jaune et un feu rouge),
• suivi soit :
– d’un guidon d’arrêt fermé (Une bande lumineuse rouge horizontale),
– soit d’un repère d’établissement qui indique le point d’arrêt.
Si le disque n’est pas fermé, il affiche l’avertissement (un feu jaune) puisqu’il y a une limitation de vitesse annoncée. Le guidon d’arrêt, s’il est présent, est alors éteint (dans ce cas, le feu vert du disque est occulté car jamais utilisé).
La vitesse est limitée à 30 (ou 40) km/h. Cette vitesse est annoncée par le disque ou l’avertissement et rappelée par un TIV fixe.
La gare est d’arrêt général.
Un signal d’arrêt à main (SAM) indique le point à ne pas dépasser en gare (protection du passage planchéié par exemple). Le sémaphore de sortie est fermé.
Lorsque la voie est libre, le sémaphore est ouvert et le SAM retiré.
Après le départ du convoi, le sémaphore est fermé.
Dans l’animation ci-dessous, pour simplifier la compréhension, la signalisation n’est représentée que pour un seul sens de circulation Elle est évidement identique dans le sens inverse.
Animation 3263 ci-dessus : Signalisation ferroviaire gare de voie unique. Arrivée et départ d’un train. Source : letraindemanu.fr
L’exemple donné ici concerne tout autant une gare qui comporterait une voie supplémentaire en impasse pour desservir une halle marchandises.
Si la gare ne se prête définitivement à aucune manœuvre (ex : remise en tête de rame pour rebrousser chemin ou dépose de wagons marchandises), on peut remplacer le disque par un simple avertissement fixe à distance de freinage du TIV. Le guidon d’arrêt n’a alors plus raison d’être. Dans ce cas, la gare ne sert qu’au croisement ou dépassement.
Terminus de voie unique
Étude d’une petite gare terminus de voie unique avec un petit dépôt ou une annexe traction, un cas assez fréquent sur nos petits réseaux personnels. C’est déjà en soi un thème à lui tout seul puisque la longueur nécessaire occupera une longueur non négligeable si on veut y accueillir une rame de 4 voitures voyageurs (4 x 30 cm) et une locomotive (environ 20 à 30 cm cm), soit une rame de 1,5 mètre environ.
Pour autant, la signalisation y sera assez réduite :
• En entrée : Un disque suivi d’un guidon d’arrêt protègent les manœuvres. Même en compressant les longueurs, le disque est au moins à 3 mètres de la première aiguille. Si la longueur disponible n’est pas suffisante, on implante le seul guidon d’arrêt et on suppose le disque en amont. C’est un bon choix d’autant que ces signaux sont peu représentés habituellement sur les réseaux.
On peut ajouter :
– Un tableau indicateur de vitesse 30 ou 40.
– et une pancarte « Chevron pointe en bas » au droit de l’aiguille.
Les heurtoirs sont équipés d’un feu rouge sur V1 et V2, et d’un feu violet sur V3.
• En sortie : Un seul sémaphore empêche le départ en ligne. Cible à deux feux, il ne peut présenter que le feu vert ou le feu rouge. Il est équipé d’autant de flèches blanches que de voies auxquelles il s’adresse. Les manœuvres (vers le dépôt, ou de rebroussement) se font sous sémaphore fermé et sous la protection du disque et du guidon d’arrêt fermés jusqu’à la pancarte LM (Limite de Manœuvres).
Si vous désirez pousser le détail, vous pourrez placer un Signal d’Arrêt à Main (SAM) fonctionnel (un feu rouge) à l’extrémité des quais. A moins que vous ne préfériez placer le chef de gare avec son guidon de départ (Feu vert).
• Côté dépôt : Une pancarte D (Dépôt) en entrée de voie d’accès indique cette destination. Dans le sens inverse, une simple pancarte «Arrêt» oblige le conducteur à ne le franchir que sur ordre du chef de manœuvre.
Les heurtoirs du dépôt sont dotés d’un feu violet.
En conséquence, les signaux lumineux sont tous fermés par défaut. Et ne sont ouverts que pour un départ ou une entrée.
Une telle signalisation peut aisément se contenter d’une commande analogique par de simples inverseurs, en particulier en traction digital. Si la traction est analogique, il faudra alors prévoir des sections de voies alimentées par des interrupteurs.
Photo 3264 : Signalisation ferroviaire gare terminus de voie unique. Les signaux sont indiqués avec toutes leurs possibilités d’affichage. Source : letraindemanu.fr
Animation 3265 ci-dessus : Signalisation ferroviaire gare terminus de voie unique. Départ d’un train en ligne. Source : letraindemanu.fr
Animation 3266 ci-dessus : Signalisation ferroviaire gare terminus de voie unique. Arrivée d’un train. Source : letraindemanu.fr
Toutes les manœuvres se réalisant sous sémaphore fermé et sous disque + guidon d’arrêt fermés, les signaux ne nécessitent que peu de branchements : Deux inverseurs ON/ON suffisent :
– un pour le sémaphore
– un pour le disque et le guidon d’arrêt qui sont liés.
Pour si peu de signaux aucun automatisme n’est nécessaire.
Un petit TCO avec leds de rappel sera amplement suffisant. D’autres commandes pourront y être ajoutés :
– Commande des aiguillages
– Module sonore de sifflet du chef de gare
– Interrupteurs d’éclairage du BV et des quais
– Commande d’une grue à eau fonctionnelle
Photo 3267 ci-dessus : Tableau de commande de la gare de Sainte-Gisèle sur le réseau de l’auteur. Source : letraindemanu.fr
Dans un prochain article, j’aborderai d’autres cas d’implantation.
Emmanuel