[size=200]Un train, une région : 5 rue du Martyr du chat[/size]
Histoire (fictive) /Uchronie
Épisode 185 - Les modélistes ferroviaires sont de véritables « créateurs de monde » et la plupart d’entre eux donnent des noms aux personnages de leur réseau ou aux sites qu’ils représentent, souvent à titre mémoriel à l’égard de parents disparus ou de lieux ayant marqué leur existence. Dans cette nouvelle rubrique, j’aborderai l’histoire fictive de la « Compagnie Industrielle et Commerciale », son implantation dans la région, son implication dans l’essor économique du territoire et son évolution au fil du temps. J’en profiterai pour vous présenter la ville, ses habitants et ses acteurs économiques. Bienvenue dans mon monde uchronique, mais pas aussi imaginaire qu’il n’y paraît.
« Le modéliste est un créateur de monde » affirmait Alain Sénès, alias «* moduleho* » sur les réseaux sociaux, dans un édito daté du 26 septembre 2008 et publié sur le site « Voie de débord ». Une grande partie d’entre nous créons un monde utopique et nos villes, nos gares et nos personnages portent souvent des noms de personnes ou de lieux ayant marqué nos vies. Certains modélistes vont loin dans la démarche jusqu’à retracer une histoire complète et cohérente, jusqu’à rédiger un véritable règlement de la compagnie. D’autres accréditent leurs histoires sous formes de vidéos ou de BD. Certaines vidéos de Renaud Yver sont ainsi particulièrement savoureuses tant il nous plonge dans son univers avec truculence et humour.

Sur nos forums, nous trouvons des auteurs créant des bandes dessinées voire, pour certains, nous proposer des énigmes policières. Bref, dans notre passion, l’imagination n’a aucune limite, à l’instar du journal ci-dessus, extrait du fil « Dépôt canapé » sur le forum LR Presse.
L’uchronie permet ici bien des fantaisies, l’uchronie étant une forme littéraire qui consiste, à partir d’un évènement historique ayant réellement existé, à lui donner un développement différent et donc à créer un monde parallèle totalement imaginaire.
L’avancée des travaux de décor dans la société «* Laure Noirt* » est pour moi l’occasion de vous présenter ce négociant en combustibles. La société est domiciliée au 5 rue du Martyr du chat, sur la droite de cette route qui traverse les voies ferrées.
Emmuré vivant
Une explication s’impose tout d’abord sur le nom de cette rue, pour le moins surprenante. Il faut remonter déjà à plusieurs années pour trouver trace de ce dramatique fait divers dans les archives municipales. Ainsi un ancien numéro du journal communal « Marcilly infos » daté du 6 août 1951 évoque-t-il une délibération du conseil municipal à propos de cette rue de la zone industrielle, anciennement nommée « Rue de la République » et rebaptisée en souvenir de ce chat mort dans d’atroces souffrances. Le mensuel communal relate ainsi le calvaire de la pauvre bête, survenu au décours de la tentative de suicide de Simone Delaire, le jour de son 93e anniversaire.
Ainsi le journal municipal explique les origines de cette délibération : « *En ce mois estival caniculaire, cette marcillaise, ancienne secrétaire d’une compagnie d’aviation, avait décidé de mettre fin à ses jours en absorbant tous les médicaments de sa pharmacie. Sauvée in extrémiste par les sapeurs-pompiers du centre de première intervention de la ZI, son hospitalisation en long séjour rendit nécessaire la vente de son pavillon situé Rue Jules Valles, sur les hauts de la commune. Obligés de vendre son pavillon pour subvenir à ses besoins en hospitalisation de longue durée, ses petits-enfants durent se résoudre à confier la vente à l’étude de Maitre Grondin, notaire implanté depuis trois générations sur la commune. Les circonstances pénibles de la situation leur fit omettre de signaler la présence d’un chat qui leur rendait souvent visite lors de leurs passages chez la grand-mère. La petite bête, dont le voisin propriétaire était atteint d’une maladie inconnue à l’epoque, avait en effet repéré la voiture des enfants et profitait de chacune de leurs visites pour venir chercher un câlin et quelques friandises. Le sort de la bête se scella quelques semaines plus tard lorsqu’elle pénétra dans le pavillon, comme à son habitude, lors de la visite de potentiels acheteurs avec l’agence immobilière. S’étant glissée discrètement dans la maison sans que personne ne la remarque, elle se fit enfermer au départ des visiteurs. Emmurée vivante dans une bâtisse sans eau et aux volets clos, la pauvre bête succomba de soif et de faim. Son cadavre desséché fut retrouvé quelques semaines plus tard *» [1].
Entreprise Laure Noirt
Cette société s’implanta sur le territoire de la commune en 1863 à l’initiative d’Emile Noirt [2]. Financier de profession, il avait flairé là une bonne affaire et avait investi tant dans le commerce que dans la " Compagnie des transports régionaux ", ancêtre de la CIC. S’il reste peu d’archives de l’époque, on retrouve trace de l’entreprise dans les années 30 grâce à une photographie montrant le premier bâtiment de la société.
Il s’agissait de l’ancienne halle à marchandise de la gare voisine rachetée à la toute jeune " Compagnie Industrielle et Commerciale " pour un prix très modique. La jeune compagnie, créée au lendemain du premier conflit mondial et qui comprit très vite la concurrence annoncée des transporteurs routiers, décida de vendre une partie de son patrimoine pour fidéliser de gros clients sur son réseau ferré. Une vision clairvoyante puisque l’entreprise d’Emile Noirt se développa rapidement : Dans le cadre de la nécessaire reconstruction au lendemain de la Seconde guerre, son fils aîné, Pierre Noirt, en profita pour poser une aiguille et dédoubler l’embranchement. Ainsi, il pu augmenter la capacité de stockage des wagons alors que l’entreprise diversifiait son offre commerciale.
La société Laure Noirt est aujourd’hui, dans les année 60, un gros client de la CIC avec l’acheminement régulier de wagons divers : tombereaux de charbon, tombereaux de rondins de bois, plats pour les fûts d’huile, couverts de bidons et citernes de fioul et de gasoil à usage agricole.
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Quelques infos sur le site**
Le bâtiment principal est une création personnelle à base de Carton-Plume © gravé. J’avais décris sa construction dans l’épisode 116 titré « Le bâtiment du négociant en combustibles ». La halle à marchandises, transformée en entrepôt, est une maquette Faller 120154, offerte à Noël dernier et dont la plupart des pièces ont été repeintes.
La palissade arrière, qui masque le moteur d’aiguillage, est réalisée en bois de cagette, gravé, repeint et patiné. J’avais évoqué de telles palissades dans l’épisode 36 " Boite à fromage pour palissade en bois ". La fosse de la cuve est construite en carton plume dont les faces visibles du spectateur ont été pelées. Le tout est peint en gris béton (mélange 50% blanc + 25% noir + 25% ocre). La citerne est une cuve de récupération offerte par Jeanne et Olivier et qui trouve ici une seconde vie.
La cour de l’entreprise est en terre naturelle stérilisée au four. Afin de varier les teintes, cette terre, plus claire, a été prélevée sur un autre site que la terre utilisée pour mon décor précédent. Cette terre est appliquée à sec. Plusieurs véhicules miniatures y ont roulé afin de figurer les traces de pneus. Puis humidification au brumisateur et encollage à la colle vinyllique diluée. J’ai profité de cette étape pour combler les espaces entre les dalles de pavés et les rails et insérer des herbes folles.
Les arbres sont des FR décor ref 3351 achetés, lors de ma visite à Paris-Modelisme, 7 € le lot de deux. Ils ont été choisis pour leur rapport qualité/prix et leur hauteur qui masque en partie le départ vers la coulisse. Seul les troncs ont été repeints en ombre brûlée et les racines recouvertes d’un peu de terre. Ils ne sont pas aussi beaux que des productions de chez Sylvia ou Arboris miniature, mais ce n’est pas le même prix non plus. Cette gamme FR est idéale pour des arbres de second plan.
Les buissons MBR 50-5007, achetés chez Loco-Revue lors de mon passage à Auray, ont été testés à cette occasion. Ils sont du plus bel effet et pratiques à utiliser. J’ai seulement raccourci leur hauteur par la base.
L’éclairage des bâtiments a été installé. Il sera branché lorsque j’aurais trouvé trois ou quatre vieux lampadaires pour éclairer cette grande cour.
Appels aux modélistes
Si éventuellement un modéliste est en mesure de me fabriquer les plaques de rue et les enseignes de cette entreprise, je suis preneur. Vous pouvez me contacter par le biais du formulaire de contact du blog. Merci d’avance.
Emmanuel
[size=85]*[1] - Cette dramatique histoire est malheureusement vraie puisqu’elle retrace la vie de ma grand-mère maternelle. Je me souviens parfaitement m’être inquiété pour ledit chat le soir-même de la visite, l’agence immobilière nous ayant téléphonés. Mon épouse me rassura et surtout la flemme d’affronter les embouteillages franciliens sur l’A86 pour vérifier mes craintes scellèrent définitivement le sort de la pauvre bête. C’était il y a quinze ans. Cette histoire méritait bien que je lui accorde une rue dans mon univers.
[2] Emile est le véritable prénom de mon grand-père paternel. Il était gestionnaire de grands comptes dans une banque qui existe encore de nos jours sous une autre appellation. Pierre était mon oncle. Un passionné de voitures, en particulier des Peugeots. Va falloir que je pense à trouver une 504 pour mettre dans la cour.*[/size]