Bonsoir,
faisant suite à une question d’un membre sur la documentation Märklin en français, je présente ce livre commis par deux de mes compatriotes dans une édition que tous, ou presque, les amoureux francophones de notre marque favorite possèdent. Dans des temps reculés et révolus, j’avais écrit cet article sur le site initié par mon ami Jyl sur l’ancien forum.
Il n’y a plus par ici de rubrique pour les bibliothèques. Notre animateur en créera peut-être une à moins qu’il ne supprime ce sujet s’il juge qu’il n’est pas adéquat sur le forum. Je peux néanmoins et petit à petit partager ma bibliothèque d’un Märkliniste passionné.
Eric DE VILLE et Alain VAN DEN ABEELE, Märklin, Miroir de son temps, Collection, Histoire et Passion, Bruxelles, 254 pages
L’objectif des auteurs est de parcourir l’histoire de la firme Märklin et de voir comment elle a traversé les différentes époques et de comprendre ce qui a fait et fait toujours le succès de la marque.
Mais laissons les auteurs parler dans leur préface : « Nous avons tous un réseau ferroviaire inachevé dans notre cœur. Pour la majorité d’entre nous, c’est un Märklin avec son décor, ses gares, ses signaux lumineux, son faisceau naïf de rails, son éclairage nocturne délicatement féerique. Les fanatiques de la marque ne se lassent pas d’admirer ni de relire les pans d’histoire de cette maison qui est le miroir de son époque. De ses époques, devrait-on écrire pour mieux souligner la longue évolution industrielle faite en parallèle avec celle du temps. » (Page 9)
Tout au long des 21 chapitres qui scandent le livre, les auteurs s’attachent à montrer, en effet, comment la famille puis la firme Märklin a su relever les défis de la société et s’adapter aux évolution des mentalités, des techniques et du marché. Une seule ligne directrice, toutefois, traverse toutes les époques selon Märklin : l’inventivité, la passion du travail bien fait, la solidité qui fait traverser les âges aux jouets, la recherche de la perfection esthétique et technique.
Les premiers chapitres s’attachent à montrer la naissance et le développement de l’entreprise des Märklin dans une petite ville perdue de Souabe. Faut-il dire Göppingen, désormais universellement connue ? En 1840, au moment où Théodore Märklin s’y installe, la ville est en plein essor de son industrie textile et du papier, bientôt accélérée par l’apparition du chemin de fer. C’est d’abord une petite entreprise de plomberie, qui se risque au projet hasardeux de faire des jouets en métal. La seconde épouse de Théodore, Caroline Märklin, pousse son mari vers ce nouveau créneau et l’on produit artisanalement tirelires ou cuisinières de poupées… Les premiers jouets sortent en 1859, d’abord discrètement avant de faire la fortune de la famille et le bonheur de millions d’enfants, petits et grands, de par le monde et les générations.
A la fin du 19eme siècle, le catalogue présente quantité de bateaux, de forteresses en tôle, des chevaux, des véhicules hippomobiles mus par des moteurs mécaniques, des carrousels, des véhicules de pompier, des pompes à eaux, des jouets animés par la vapeurs… Les premiers trains mécaniques, aussi.
Le chapitre 4 étudie la direction d’Eugen Märklin, qui a su comprendre les changements politiques, sociaux, technologiques de son siècle. La machine à vapeur, la dynamo électrique, le moteur à explosion révolutionnent en effet le monde occidental Les cadences s’accélèrent, le confort s’améliore, les distances se réduisent, l’outil se perfectionne et procure plus de bien-être à l’ouvrier… Märklin passe de la production artisanale à la production industrielle. Märklin après avoir fait la conquête de l’Allemagne, entend faire la conquête du marché européen.
EN 1891, à la foire de Leipzig, Märklin révolutionne le monde à sa manière : la toute jeune firme présente un train complet avec un ovale de voies et des aiguillages mobiles avec un écartement qui s’imposera bientôt à la majorité des autres fabricants. Märklin s’impose dès lors comme leader dans le domaine du train-jouet en imposant une certaine uniformité, qui succède au règne de la fantaisie qui avait prévalu jusqu’alors.
Sait-on encore aujourd’hui que Märklin inventa en 1909 les premiers aiguillages commandés à distance ? Il s’agit d’une commande pneumatique : génial pour l’époque !
Les années 1920 sont celles de la réorganisation du travail, ce sont celles aussi d’un nouvel envol. L’écartement O est privilégié par la clientèle, l’électricité est favorisée pour l’alimentation des moteurs, d’autant plus que le nouveau système « 20 volts » est sans danger pour les enfants. Märklin fait la conquête du marché anglais, français (trains luxueux du PLM), suisse (grosses locomotives de la ligne du Gothard), la Compagnie Internationale des Wagons-Lits, Mitropa, Rheingold… Tout un univers de rêve que Märklin contribue de nourrir.
En 1935, une autre révolution se prépare : Märklin adopte le OO lancé depuis peu par son concurrent Trix. C’est à nouveau la guerre, la chute et la renaissance avec une production faite pour séduire le vainqueur américain…
Le succès du HO dynamise Märklin qui produit 100.000 locomotives par an dès 1950. Märklin glisse à partir de là vers le modélisme ferroviaire, poussée en cela par ses concurrents directs : les locomotives sont construites avec divers matériaux pour ressembler le plus possible aux modèles réels. On regrette le temps où les enfant pouvaient prendre les trains sans les émietter : Märklin relève alors le défi de mettre en vente des modèles réalistes d’une finition et d’un détaillage irréprochable mais qui sont aussi à la portée des enfants : le pari est tenu dans les années 1980 avec les éléments métalliques réalisés en fonte injectée.
On peut également suivre, tout au long de ce livre passionnant, l’évolution de la voie, des sémaphores, des blocs, des décors, des voitures et wagons, l’apparition de « l’impensable Z mini-club », en 1972.
On visitera encore les usines où sont décrites les techniques de pointe utilisées avant de terminer le livre sue une analyse de « L’expansion selon Märklin », une « Analyse économique des 10 dernières années », puis un final « Aux amis de Märklin », dans lequel les auteurs analysent le puissant lien entre Märklin et les amateurs de Märklin, notamment par le biais des textes à l’intérêt psychologique des fameux catalogues.
Une bibliographie complète termine l’ouvrage qui mérite le détour, rien que pour les nombreuses photos d’objets de collections que l’on ne verra sans doute jamais ailleurs que dans ce livre.
Bien amicalement à tous
Pascal