Vapeurs nostalgiques

[size=150]Même les commentaires sont parfois poétiques ![/size]

[flash=635,525]http://www.youtube.com/v/tGVs46y70IA[/flash]

j’aime beaucoup ; aujourd’hui on est sur des registres bien différents quand il s’agit de doc.

Merci Jean Claude :smiley:

Superbe vidéo…super texte :Coeur:

Et cette complicité entre les cheminots :Coeur:

Serge le caribou belge

Le texte ne viendrait-il pas de “la bête humaine”?
La Lison est en effet une machine à deux essieux, comme le dit le texte ,
et pas une Pacific: voir ici

trainsdumonde.chez-alice.fr/locomotive.htm
Et le mécanicien s’appelle Jacques (Lantier?)

Superbe document , merci :appl:

Bonsoir

Superbe ! Et quel boulot pour faire un voyage de la part des hommes de cette époque …

que de vies usées bien avant l’heure , j’ai un immense respect pour ces gens là…

:appl: :appl: :appl: :appl: :appl: :appl:

Le texte ne viendrait-il pas de “la bête humaine”?
La Lison est en effet une machine à deux essieux, comme le dit le texte ,
et pas une Pacific: voir ici

trainsdumonde.chez-alice.fr/locomotive.htm
Et le mécanicien s’appelle Jacques (Lantier?)

Superbe document , merci :appl:
:non: Attention ! tu confonds ! Si tu écoutes bien le commentaire,tu verras que chaque locomotive était baptisée d’un nom de “gare”(dans la vidéo,la gare de Lison dans le Calvados!). L’appellation “la lison” est donc dans ce cas-ci un terme affectueux de la part de son “équipage”.

Bonjour, pour en avoir le coeur net, j’ai recherché …et trouvé le texte, c’est bien de Zola:

Émile ZOLA, La Bête humaine
Les relations de Jacques Lantier avec sa machine


Jacques est mécanicien ; il conduit une locomotive appelée La Lison.

C’était une de ces machines d’express, à deux essieux couplés, d’une élégance fine et géante, avec ses grandes roues légères réunies par des bras d’acier, son poitrail large, ses reins allongés et puissants, toute cette logique et toute cette certitude qui font la beauté souveraine des êtres de métal, la précision dans la force. Ainsi que les autres machines de la Compagnie de l’Ouest, en dehors du numéro qui la désignait, elle portait le nom d’une gare, celui de Lison, une station du Cotentin. Mais Jacques, par tendresse, en avait fait un nom de femme, la Lison, comme il disait, avec une douceur caressante.
Et, c’était vrai, il l’aimait d’amour, sa machine, depuis quatre ans qu’il la conduisait. Il en avait mené d’autres, des dociles et des rétives, des courageuses et des fainéantes ; il n’ignorait point que chacune avait son caractère, que beaucoup ne valaient pas grand-chose, comme on dit des femmes de chair et d’os ; de sorte que, s’il l’aimait celle-là, c’était en vérité qu’elle avait des qualités rares de brave femme. Elle était douce, obéissante, facile au démarrage, d’une marche régulière et continue, grâce à sa bonne vaporisation. On prétendait bien que, si elle démarrait avect tant d’aisance, cela provenait de l’excellent bandage des roues et surtout du réglage parfait des tiroirs ; de même que, si elle vaporisait beaucoup avec peu de combustible, on mettait cela sur le compte de la qualité du cuivre des tubes et de la disposition heureuse de la chaudière. Mais lui savait qu’il y avait autre chose, car d’autres machines, identiquement construites, montées avec le même soin, ne montraient aucune de ses qualités. Il y avait l’âme, le mystère de la fabrication, ce quelque chose que le hasard du martelage ajoute au métal, que le tour de main de l’ouvrier monteur donne aux pièces : la personnalité de la machine, la vie.
Il l’aimait donc en mâle reconnaissant, la Lison, qui partait et s’arrêtait vite, ainsi qu’une cavale vigoureuse et docile ; il l’aimait parce que, en dehors des appointements fixes, elle lui gagnait des sous, grâce aux primes de chauffage. Elle vaporisait si bien, qu’elle faisait en effet de grosses économies de charbon. Et il n’avait qu’un reproche à lui adresser, un trop grand besoin de graissage : les cylindres surtout dévoraient des quantités de graisse déraisonnables, une faim continue, une vraie débauche. Vainement, il avait tâché de la modérer. Mais elle s’essoufflait aussitôt, il fallait ça à son tempérament. Il s’était résigné à lui tolérer cette passion gloutonne, de même qu’on ferme les yeux sur un vice, chez les personnes qui sont, d’autre part, pétries de qualités; et il se contentait de dire, avec son chauffeur, en manière de plaisanterie, qu’elle avait, à l’exemple des belles femmes, le besoin d’être graissée trop souvent.

Pour ceux qui n’auraient jamais lu ce livre, la mort de la Lison:

Enfin, Jacques ouvrit les paupières. Ses regards troubles se portèrent sur elles, tour à tour, sans qu’il parût les reconnaître. Elles ne lui importaient pas. Mais ses yeux ayant rencontré, à quelques mètres, la machine qui expirait, s’effarèrent d’abord, puis se fixèrent, vacillants d’une émotion croissante. Elle, la Lison, il la reconnaissait bien, et elle lui rappelait tout, les deux pierres en travers de la voie, l’abominable secousse, ce broiement qu’il avait senti à la fois en elle et en lui, dont lui ressuscitait, tandis qu’elle, sûrement, allait en mourir. Elle n’était point coupable de s’être montrée rétive ; car, depuis sa maladie contractée dans la neige, il n’y avait pas de sa faute, si elle était moins alerte ; sans compter que l’âge arrive, qui alourdit les membres et durcit les jointures. Aussi lui pardonnait-il volontiers, débordé d’un gros chagrin, à la voir blessée à mort, en agonie. La pauvre Lison n’en avait plus que pour quelques minutes. Elle se refroidissait, les braises de son foyer tombaient en cendre, le souffle qui s’était échappé si violemment de ses flancs ouverts, s’achevait en une petite plainte d’enfant qui pleure.

Souillée de terre et de bave, elle toujours si luisante, vautrée sur le dos, dans une mare noire de charbon, elle avait la fin tragique d’une bête de luxe qu’un accident foudroie en pleine rue. Un instant, on avait pu voir, par ses entrailles crevées, fonctionner ses organes, les pistons battre comme deux cœurs jumeaux, la vapeur circuler dans les tiroirs comme le sang de ses veines ; mais, pareilles à des bras convulsifs, les bielles n’avaient plus que des tressaillements, les révoltes dernières de la vie ; et son âme s’en allait avec la force qui la faisait vivante, cette haleine immense dont elle ne parvenait pas à se vider toute. La géante éventrée s’apaisa encore, s’endormit peu à peu d’un sommeil très doux, finit par se taire. Elle était morte. Et le tas de fer, d’acier et de cuivre, qu’elle laissait là, ce colosse broyé, avec son tronc fendu, ses membres épars, ses organes meurtris, mis au plein jour, prenait l’affreuse tristesse d’un cadavre humain, énorme, de tout un monde qui avait vécu et d’où la vie venait d’être arrachée, dans la douleur.

Bonjour à tous,

Très joli ce film sur la vapeur, tourné pour la SNCF par Yves Clara en 1968 et accompagné d’une très belle musique de François de Roubaix. Texte de Zola comme l’a si bien dit Bernard. :Coeur:

La locomotive n’est pas la Lison d’origine qui devait être une “021”, mais la 231 D 735, une très belle machine.

Ce film à fait l’objet du premier DVD intitulé “Seigneurs de la vapeur” d’une publication des éditions ATLAS en 2007 “la passion des trains” qui compile une collection d’images du patrimoine de la SNCF. J’avais acquis les premiers DVD très intéressants de cette collection.

Amitiés bretonnes